SALKANTAY | Itinéraire bis vers le Machu Picchu
Salkantay Itinéraire bis vers le Machu Picchu Le trek du Salkantay est LA bonne alternative au chemin des Incas pour se rendre au célèbre site du Machu Picchu. Situé à l’est de la ville […]
Situé à l’extrême sud de la cordillère blanche le trek de Huayhuash est considéré comme l’un des plus beaux treks au monde. Il fait le tour du sommet Yerupajá à 6617 mètres d’altitude — le troisième plus haut du Pérou — et de son ensemble montagneux. Ce trek dure généralement entre 8 et 10 jours selon le parcours pris et vient traverser des paysages plus divers les uns que les autres. Entre lacs turquoises et cimes enneigées, partez à la découverte de cette randonnée qui mériter bien sa réputation.
/* Le trek de Huayhuash comporte de très nombreuses variantes qui permettent d’allonger ou de raccourcir l’itinéraire. Nous allons vous présenter ici l’une des possibilités de parcours. Celui-ci est adapté à notre niveau de marche. Pour les plus avertis, il existe un chemin alpin qui nécessite une connaissance de l’alpinisme et du matériel adapté. *
Distance : 81,8 km Durée : 7 jours D+ : 4259 mètres D- : 5164 mètres Autonomie complète
Le trek se trouve dans la cordillère de Huayhuash, au sud de la cordillère blanche. Pour s’y rendre, il faut compter :
– 1 journée ou 1 nuit de bus de Lima jusqu’à Huaraz. Les bus de nuit sont un bon moyen de circuler au Pérou sans perdre de temps. Ils sont bon marché et confortables pour se déplacer sur de longue distance. Nous avons opté pour la compagnie Cruz del Sur. Certes, c’est l’une des plus chères, mais également l’une des plus réputées pour sa sécurité (contrôle des bagages, confort des sièges, moins d’accidents …).
– 3 jours d’acclimatation à Huaraz si vous venez de basse altitude. Pour plus d’infirmations, consulter la section « S’acclimater à Huaraz ».
– 1/2 journée de bus jusqu’à Llamac. Il existe deux options pour se rendre au début de la randonnée. Vous pouvez choisir de prendre un autobus depuis le centre-ville de Huaraz pour Llamac. Il part tous les matins à 5 h 30. Vous pouvez également réserver une navette privée pour vous amener directement au site de campement Cuartelwain.
Huaraz est le centre névralgique de la région. Ici se concentrent tous les départs de treks et d’alpinisme en direction de la cordillère Blanche. Vous allez sans doute passer un peu de temps dans la ville. Et pour s’occuper, il existe de nombreux aménagements pour les plus occidentaux d’entre nous.
Nous ne pouvons parler de Huaraz sans aborder notre coup de cœur: le California Café ! Quoi de mieux pour étudier ses cartes – ou tout simplement bouquiner –, qu’un bon café accompagné d’une salade de fruits frais et de pancake ? Je vous l’accorde, nous sommes très loin de la tradition péruvienne, mais cette parenthèse de confort était plus que revigorante ! Nous avons passé des matinées entières à feuilleter les récits de voyage et d’alpinisme de leur bibliothèque en libre-service, tout en dévorant leurs spécialités – à des prix très raisonnables –. Pour un petit-déjeuner au calme, faites le détour par ce café !
Notre second coup de cœur est l’hôtel Akilpo Guesthouse. Les chambres sont correctes, mais c’est surtout le personnel que nous avons beaucoup apprécié. Ils ont été d’une très grande aide dans nos moments de galère, toujours là si nous avions des questions. Par ailleurs, le responsable – dont nous avons malheureusement oublié le nom – a un très grand réseau dans la ville. Il ne faut pas hésiter à lui demander conseils pour les transports, etc. Alkipo est véritablement une adresse fiable !
Pour le reste, vous pouvez visiter les marchés typiques ou le musée archéologique de la ville, manger à Chili Heaven ou au Café Andins, ou encore prendre votre temps pour découvrir l’agglomération avec la place principale et sa vue sur les sommets avoisinants.
Huaraz est entouré par des montagnes et des lacs magnifiques accessibles rapidement. Si vous avez la bougeotte et que vous devez également vous acclimater durant trois jours, voici quelques idées:
– La Laguna 69 avec une randonnée de 14 kilomètres et 750 mètres de dénivelé. Elle est assez éloignée de Huaraz avec 2 h 30 de bus, mais permet d’admirer une des lagunes les plus réputées — et touristique — du Pérou avec ses pics enneigés qui l’enserre.
– La lagune Churup est perchée à 4450 mètres d’altitude. La monté est un peu abrupte — 650 mètres en 3 km, mais débouche sur un superbe lac aux multiples couleurs avec en fond, le célèbre sommet du même nom.
– La lagune Paròn à 4200 mètres est une immense étendue bleu clair. Pour les plus téméraires et pour vous tester avant le grand départ, vous pouvez pousser jusqu’à la lagune Artesonraju à 4700 mètres. Elle offre un magnifique point de vue sur les glaciers. Préférez cette dernière option de randonnée après quelques jours à Huaraz, car elle demande déjà d’être un minimum acclimaté.
Le Pérou reste relativement abordable pour les voyageurs occidentaux. Les prix indiqués ci-dessous sont approximatifs. Ainsi, comptez :
– 160 soles/pers pour le bus de nuit de Lima > Huaraz (A/R).
– 30 à 150 soles pour une chambre d’hôtel (2/3 pers).
– 250 soles/pers pour les différents contrôles sur le trek de Huayhuash. Le prix varie selon le tracé emprunté. À titre d’exemple, nous avons payé à trois reprises pour un total de 105 soles/pers. Mieux vaut prendre un peu plus large.
Ajouter à cela, le coût de la nourriture — qui n’est pas cher au Pérou — et de votre transport.
À préciser que ces prix sont représentatifs d’un trek en autonomie complète et sans assistance. Il est par ailleurs tout à fait possible de se faire encadrer par une équipe compétente. Il existe de très nombreuses agences à Huaraz près du parc Ginebra.
ENCORE DES QUESTIONS ? – Consultez la page générale dédiée au Pérou. Vous y trouverez d’autres conseils et astuces (« Partir en autonomie ou avec une agence ? », « Quand organiser son voyage au Pérou ? », …).
– Sac Osprey aura ag 50L
– Bâton de marche Black Diamond
– Chaussure Meindl MINNESOTA lady gtx
Vêtements:
– 2 paires de chaussettes Crew light cushion
– 4 culottes
– 2 brassières de sport
– 2 t-shirts
– 1 sous-couche technique en laine mérinos
– 1 polaire Mammut Aconcagua
– 1 doudoune Pataginia nano-air Light hybrid
– 1 veste hardsell Mammut Convey Tour
– 1 bonnet Fjallraven classic knit hat
– 1 pantalon Patagonia Simul Alpine
– 1 short technique de chez Oysho
– 1 legging Oysho
– 1 casquette
– 1 paire de gants en laine
Camping:
– Tente Salewa latitude II
– Duvet Valandre Bloody mary
– Oreillet Sea to Summit aeros premium
– Matelas Thermarest NeoAir Xlite
– Rechaud MSR WindPro II
– Filtre à eau Sawayer
Un jour après notre retour de l’Ausangate, nous voilà déjà en route pour notre prochaine destination : la cordillère de Huayhuash. Pour la rejoindre, nous faisons une première étape à Lima, d’où nous prenons un bus de nuit en direction de Huaraz. Ce type de transport très peu répandu en Europe est monnaie courante dans d’autres pays en Asie ou en Amérique du Sud. Ils sont très pratiques pour se déplacer sur de longues distances, car permettent « d’économiser une journée ».
Huaraz se situe à 3080 mètres d’altitude dans la vallée du Callejon de Huaylas. Encore peu connue du tourisme ordinaire, cette ville est néanmoins l’épicentre des trekkeurs et alpinistes. Nous décidons de rester 2 jours à Huaraz pour reprendre des forces avant de nous lancer sur les chemins de Huayhuash. Nous les passons surtout à nous promener dans le centre et à manger dans les différents restaurants et cafés de la ville. Le California Café restera l’un de nos petits plaisirs. Leur petit-déjeuner pancakes, salade de fruits, jus pressé et café sur une banquette confortable avec à disposition une grande bibliothèque remplie de magasines d’alpinisme vintage nous permettent de nous reposer et SURTOUT de préparer notre trek. Nous devons notamment organiser notre transfert jusqu’à Llamac d’où débute notre itinéraire. Notre hôte d’Akilpo guesshous nous met en contact avec un chauffeur qui doit rapatrier des trekkeurs de Llamac à Huaraz. Nous organisons donc notre départ en conséquence.
Distance : 16,5 km
D+ : 890 m.
D- : 844 m.
Durée : 8 h de marche
Altitude maximale : 4656 m
Topo : Du campement de Quartelhuain, suivre le chemin en direction de l’est vers le col de Cacanan (4660 m). Arrivé là-haut, on domine la Laguna Pucacocha, facilement identifiable grâce à sa couleur rouge – due aux activités volcaniques et géothermique – . Après avoir descendu 200 mètres, il est possible d’emprunter le chemin à droite pour faire un léger détour et voir la Laguna Mitucocha. Sinon poursuivre tout droit sur le sentier muletier jusqu’à la première cabane. On vous demandera de payer un droit de passage. Après cela, bifurquer sur la gauche direction sud-ouest vers le col Carhuac. Il suffit ensuite de suivre la piste jusqu’au magnifique point de vue donnant sur l’imposant sommet Yerupajá et surplombant la Laguna Carhuacocha. D’ici, continuer à descendre par le sentier. Vous pouvez alors établir votre campement au premier replat après les maisons ou près des habitations sur l’autre rive du lac. Profitez de la vue, car cet endroit est considéré comme l’un des plus beaux des Andes.
3 heures du matin. Nous embarquons dans le van en direction de Llamac. Nous voilà partis pour le trek de Huayhuash. Le début du trajet se passe calmement. Après 2 heures, la route se change tout à coup en un chemin cabossé, parfois assez accidenté mais cela n’empêche pas Léna de dormir profondément, emmitouflée dans son sac de couchage. L’aube est glaciale. Le vent intense et froid nous saisit dès la sortie du véhicule malgré toutes nos couches de vêtements. Un bref au revoir au chauffeur et nous voilà enfin sur l’un des plus beaux treks au monde.
L’ascension du premier col, le Cacanan nous met tout de suite dans l’ambiance du trek. Nous montons vite cette première section à l’ombre pour aller chercher le soleil qui réchauffe le sommet. Après quelques heures de marche, nous nous installons pour un déjeuner en face du Yerupajá. Nous déchantons rapidement après notre premier boucher. La sauce que nous avions prévu de manger afin de donner un peu de goût à nos rations de riz est tout simplement immangeable. La situation n’est pas catastrophique, mais pourrait être meilleure … Nous apprendrons plus tard que la mauvaise gestion d’un repas peut véritablement porter préjudice sur la suite d’une randonnée. Lors des aventures qui ont suivi, nous avons été bien plus rigoureux sur nos préparations alimentaires. La différence est indéniable en termes de confort, mais aussi de performance. Nous en reparlerons peut-être dans un autre article dédié
Passé cette petite désillusion, nous reprenons le chemin rapidement. Il est à peine 13h quand nous arrivons à notre premier point de chute. Avec l’excitation de ces débuts, nous décidons de doubler notre étape. Premier checkpoint et donc premier droit de passage. Comme à l’Ausangate, cette contribution permet de rémunérer les locaux qui entretiennent les chemins et garantir la sécurité des voyageurs. À noter qu’il y a encore quelques années, les trekkeurs de cet itinéraire étaient parfois attaqués. Depuis, le gouvernement est intervenu et la mise en place de ce système a évincer tout accidents depuis plusieurs années sur cet itinéraire.
Notre arrivée sur le camp finalement assez tardive. Nous sommes accueillis par les derniers rayons du soleil et montons rapidement notre tente. Installer notre bivouac est devenu un rituel marqué par des gestes précis, presque mécaniques. Pour autant, nous ne réalisons pas cette première nuit que nous sommes sur le chemin de notre plus long trek. Depuis, nous en avons entrepris de plus longs avec les 35 jours de marche pour traverser la Suisse, mais l’excitation reste toujours la même.
Distance : 14,0 km
D+ : 698 m.
D- : 607 m.
Durée : 6 h 35 de marche
Altitude maximale : 4808 m.
Topo : Continuer la marche autour de la laguna Carhuacocha pendant quelques kilomètres jusqu’à atteindre de petites habitations. Longer ensuite le torrent jusqu’à se retrouver face à un lac. Prendre le temps de grimper sur la moraine à droite qui donne sur la lagune Gangrajanca. Contourner par la gauche la laguna Siulá. 250 mètres de dénivelé abrupt attendent. Cet effort en vaut la peine, car vous déboucherez sur un replat — Mirador de las Tres lagunas — qui offre un panorama incroyable sur la vallée. Continuer l’ascension vers le sud-est. Arrivé au col Siulá Punta, débute une longue descente vers le prochain col puis prendre la direction du lac Carnicero. Après l’avoir dépassé, il ne reste plus que 2 kilomètres jusqu’au campement Huayhuash.
→ Pour cette journée, deux itinéraires sont possibles. Le premier qui passe par Carnicero Punta, a une visibilité limitée, mais l’avantage d’être plus accessible. Si le temps est capricieux ou que vous n’êtes pas en forme, prenez-le. Sinon emprunter la voie alpine qui offre un panorama incroyable au pied des glaciers et avec un passage au célèbre Mirador de Las Tres lagunas.
Ce matin, nous avons décidé de prendre notre temps et de profiter du lac de Carhuacocha (4150 mètres alt.). Rapidement, les nuages arrivent et les sommets ne sont plus visibles. C’est le moment de lever le camp. Ce début de journée grisâtre nous a d’abord contrariés. En effet, nous devions passer par la célèbre vallée des Las Tres lagunas. Cette succession de trois lacs à plus de 4200 mètres d’altitude alimentés par les glaciers est l’une des plus belles étapes du trek de Huayhuash. Finalement, les nuages posés sur les cimes et bougeant au gré du vent, nous on ravit. La lumière filtrée par l’écume du ciel permet d’apprécier différemment les volumes et les contrastes incroyables de ces montagnes. Ce paysage a un air d’Aube printanière sur les sommets sacrés de Chichibu de Taikan Yokoyama. En définitive, il faut savoir apprécier la nature comme elle se présente à nous, dans son entièreté. Et après nos quelques aventures, aux États-Unis ou en Suisse, les nuages ou la brume créent toujours une ambiance singulière dans laquelle les paysages dévoilent une nouvelle facette à admirer.
Enfin, un premier lac ! Après une petite pause, nous monterons sur la moraine qui nous surplombe. Nous découvrons un second lac coincé entre la paroi et l’amas de rochers sous nos pieds. Nous restons là, à regarder des morceaux de glaces dégringoler les pans de la falaise et s’écraser dans les eaux bleues. Le spectacle est grandiose. Nous continuons le chemin puis arrivons face à une pente raide à flanc de montagne. En haut, le Mirador de Las Tres lagunas qui dévoile en un coup d’oeil les contrastes entre le glacier ivoire, les lacs bleutés et la vallée ocre. Ce point de vue est l’un des plus connus du trek, il n’usurpe pas sa réputation!
Nous passons ensuite le col de Siula à 4830 mètres d’altitude et entamons une très longue descente vers le campement du soir. Les premières douleurs articulaires se font sentir, notamment le genou d’Antoine. À cette période, nous utilisions trop rarement des bâtons de marche. Grosse erreur… Encore une fois nous avons appris et compris. Les bâtons de marche sont un équipement essentiel lorsque l’on transporte une charge lourde sur le dos, surtout sur une longue période.
Distance : 11,1 km
D+ : 692 m.
D- : 526 m.
Durée : 5 h 12 de marche
Altitude maximale : 5015 m.
Topo : Prendre la direction du sud dans la vallée en empruntant le chemin de droite. Attention, celui-ci est un peu difficile à trouver, mais très important. Il monte vers la Nevado Trapecio que l’on aperçoit rapidement. Continuer jusqu’au col du même nom à plus de 5000 mètres d’altitude. Si vous n’avez pas été assez émerveillé la veille, c’est le moment. Une vu 360° vous attend ! Descendre ensuite en direction du lac au bleu pastel puis le contourner par la droite. Passer dans une grande plaine aride et rocheuse d’où l’on aperçoit après 1,7 kilomètre le campement Huanapatay, bivouac du soir niché au creux d’une pierre.
→ Ouvrez l’œil après avoir passé le col ! Ces plaines sont un excellent terrain pour apercevoir des vigognes.
La plaine est recouverte d’un voile blanc ce matin, mais le soleil est de retour. Grâce au premier rayon, nous nous réchauffons vite avant de partir. Après quelques minutes de marche, un chien vient à notre hauteur et va nous accompagner une grande partie de la journée sur les sentiers. Les chiens sont souvent de très bons compagnons durant nos randonnées et ont l’habitude de suivre les caravanes qui parcourent la montagne. Celui-ci sera Alfie. Plus tard, nous rencontrons un second chien que nous rebaptisons Copernic.
Aujourd’hui, nous n’empruntons pas le chemin préconisé lors du tour normal de Huayhuash qui va dans un premier temps jusqu’à la Laguna Vicongua puis dans un second au campamento Elefante en passant par « el paso punta cayoc ». Nous préférons monter au « Paso del Trapecio », car celui-ci après étude du parcours est plus près des sommets et de leur glacier, et possède des formations rocheuses uniques aux alentours.
La montée jusqu’au col n’a pas été difficile seulement éprouvante à cause de l’altitude. Arrivé là-haut… quel spectacle ! Cette vue restera sans doute l’une des plus mémorables de notre voyage au Pérou. Donnant l’impression que deux univers s’affrontent. D’un côté, glacier avec le « Nevado Trapecio » et de l’autre, aride et rocailleux avec le « Nevado Puscantrurpa ». Ce paysage semble répondre à une harmonie indépendante de toutes empreintes extérieures. Les randonneurs, groupes et caravanes ne sont ici que de passage. Nous profitons finalement une heure sur ce col. Si nous marchons en moyenne sept ou huit
heures par jour, ces moments de contemplations font partie intégrante de notre voyage.
Lors de la descente, nous avons eu la change de croiser les fameuses et si rares vigognes à la laine si précieuse. Elles vivent habituellement à 3500 et 5800 mètres d’altitude dans les Andes et sont impossibles à domestiquer. Très vite, nous nous sommes rendu compte qu’elles sont chez elles et que nous, les humains, empiétons sur leurs territoires. Celles-ci se sont rapidement aperçues de notre présence. Le troupeau comporte plusieurs adultes et quelques petits. Alors que le groupe traverse le chemin devant nous, l’un des premiers individus s’arrête et nous fait face. Il émet un cri strident dans notre direction comme pour nous maintenir à distance, le temps que ces congénères passent derrière lui. Ce n’est qu’au moment où les retardataires l’on dépassé qu’il repart avec le reste de la meute.
Nous reprenons notre route, encore émerveillés par cette rencontre. Quelques dizaines de minutes plus tard, le camp se présente devant nous. La tente sera vite montée ce soir, les derniers rayons se faufilent derrière le haut des montagnes et nous voilà déjà dans nos sacs de couchage.
Distance : 4,7 km
D+ : 521 m.
D- : 769 m.
Durée : 4 h 20 de marche
Altitude maximale : 4992 m.
Topo : Aujourd’hui, plusieurs options sont possibles. En cas de mauvais temps ou de fatigue, emprunter le chemin muletier qui arrive directement dans la vallée. Sinon, dirigez-vous vers les pentes nord et le col de San Antonio. Malgré la montée très raide et difficile, ce col vaut le détour. Vous découvrirez une vue spectaculaire sur la chaîne de Huayhash. Suivre ensuite le sentier – très escarpé – qui descend dans la vallée. Il est possible de bivouaquer à 4260 mètres non loin de la laguna Jurau au campement Cutatambo. Si vous n’être pas décidé à vous arrêter, vous pouvez continuer jusqu’au village de Huayllapa à environ 4 h de marche.
→ La face nord du col de San Antonio est un pierrier abrupt et dangereux. Il est nécessaire d’avoir le pat sûr. Une autre bonne alternative est de passer par le col Santa Rosa. La bifurcation se trouve au niveau du premier campement dans la vallée.
Ce matin, les 500 mètres de dénivelé qui nous séparent du col de San Antonio nous donnent du fil à retordre. La volonté est toujours là, mais le physique est un peu à la peine. S’en doute l’enchainement du Salkantay et d’Ausangate combiné à une mauvaise gestion de notre alimentation sur nos treks. Dans ces moments, la tête prend de dessus. Nous arrivons finalement en haut. Quel spectacle encore! Essayer de décrire l’émotion que nous avons ressenti serais l’appauvrir. Sachez seulement que c’est l’un des plus beaux endroits qui nous ai été donnés de voir. Nous nous asseyons face au Nevado Sarapo – 6127 mètres alt. – et dégustons ce moment en silence. Nous sommes seuls ici, à cet instant tout simplement heureux. Soudain, un immense pan de glace se détache de la montagne du Sarapo, créant dans un long grondement, une interminable avalanche.
On ne se lasse pas, mais il faut tout de même repartir. La première partie de la descente du col de San Antonio n’est pas facile. C’est un pierrier abrupt et glissant, où l’on surf droit dans la pente plus que ce que l’on marche. Nous vous conseillons de prendre le temps de bien vérifier votre équipement (sangles des sacs, lacets de chaussures, etc..) pour que rien ne puisse vous distraire pendant la descente. Il faut avoir le pas sûr pour se lancer sur ce chemin. Après 300 mètres de glissade, nous arrivons sur un promontoire avec un panorama sur toute la vallée. À partir d’ici, le tracé redevient un chemin classique qui serpente pour déboucher – enfin –, sur le plat.
Notre programme initial était de marcher jusqu’à Huayllapa. La journée déjà bien entamée, nous décidons de rester un peu plus longtemps dans cette vallée en compagnie du Sarapo. Ainsi, nous établissons notre camp en dessous du lac de Juraucocha. Le bivouac permet d’être flexible et donc de pouvoir prendre la décision de profiter des moments importants
Distance : 16,9 km
D+ : 835 m.
D- : 788 m.
Durée : 6 h 46 de marche
Altitude maximale : 4300 m.
Topo : Du campement Cutatambo, suivre pendant plusieurs kilomètres la vallée plein ouest. Impossible de se tromper, il n’y a qu’un seul chemin jusqu’à Huayllapa. Après le check-point, une intersection permet de descendre jusqu’au village. Emprunter le chemin de droite qui monte. S’en suis alors une longue côte raide. Le chemin s’adoucit après quelques kilomètres et s’ouvre sur le Nevado Diablo Mudo. Ne vous arrêtez pas dès le premier campement traversé. Poursuivre jusqu’au camp Huatiaq qui se situe sur un grand plateau avec une vue dégagée sur les monts enneigés.
→ profitez de votre passage près de Huayllapa pour vous ravitailler. Nous n’avons trouvé qu’une seule petite épicerie où acheter des produits frais notamment des œufs.
Aujourd’hui, nous redescendons à 3500 mètres en direction d’Huayllapa. Le sentier suit un petit cours d’eau qui coule dans la vallée. La matinée est tranquille. Le village d’Huayllapa est le premier que nous croisons depuis 5 jours. Nous décidons d’y faire un petit crochet afin de trouver quelques produits frais. Par chance, une épicerie est ouverte – quel bonheur ! – et nous trouvons des œufs. Il est presque 12h, la faim se fait sentir. Nous grimpons encore quelques centaines de mètres et trouvons un endroit où déguster nos achats. Dans l’eau bouillante qui servira à faire cuire notre portion de riz, les deux œufs frémissent. Nous les dégustons comme si c’était la première fois. Après 5 jours de riz, nous étions heureux de changer de goût et de texture.
La suite de la journée se passe sans encombre. Nous n’en finissons pas de grimper à travers les gorges. En chemin, nous croisons quelques locaux occupés à surveiller des troupeaux de moutons. Dans ces montagnes à plus de 3000 mètres d’altitude, c’est l’activité principale des gens avec l’agriculture. Et toute la famille participe !
La nuit tombée, nous profitons du ciel dégagé. Au Pérou, le ciel est vaste. Là-bas, il est possible d’observer la partie la plus fournie de la Voie lactée. Un vrai plaisir pour les yeux. Cette nuit, nous sommes haut, il fait froid et nous campons au milieu de nulle part. Toutes ces conditions permettent de mieux percevoir les étoiles. Nous avons rarement l’occasion de voir un ciel si pur. Allongé dans l’herbe brulée, Antoine s’en est délecté des heures.
Distance : 11,1 km
D+ : 482 m.
D- : 794 m.
Durée : 4 h 58 de marche
Altitude maximale : 4773 m.
Topo : Reprendre le chemin pour 300 mètres de côte. Le col de Tapush est une grande plaine de 2 km. Après sa traversée, la descente n’est qu’une formalité. Suivre simplement le sentier. Passer par le camp d’Agua Gashpapampa et emprunter l’itinéraire de gauche, vers le fond de la vallée. Le campement se situe 500 mètres plus bas. Moins facile à repérer que les autres, il se trouve sur un petit replat au milieu d’arbustes.
→ Vous pouvez également décider d’ajouter une journée ou faire le détour après le campement d’Agua Gashpapampa. Prenez le col de Yauche puis le campement de Jahuacocha. Ce chemin qui offre un panorama remarquable.
Il y a des jours plus difficile que d’autres. Malgré la beauté de ce qui nous entoure, nous peinons à garder le rythme. Nous mettons plus de 3h pour monter les 481 mètres jusqu’au Tapush Pass. La performance et les chiffres n’ont pas leurs places dans notre perception d’une bonne journée. Pour autant, ce n’est pas dans nos habitudes. Nous sommes lents et devons souvent faire de petites pauses pour reprendre notre souffle. Ces arrêts à répétitions nous laissant malgré tout le temps de contempler les condors qui volent près des falaises. Nous savons que ce manque d’énergie est une conséquence de notre gestion de la nourriture. Il n’y a pas de secret. Nous ne mangeons pas suffisamment pour l’effort demandé. À notre retour du Pérou, nous avions tous les deux perdu plus de 6 kilos. C’est une leçon que nous avons apprise durant ce voyage – mais qui n’en gâche évidemment pas son souvenir ! – et qui nous a permis de mieux gérer les expéditions qui ont suivi – Traversée de la Suisse –.
Le Tapush Pass sera le dernier grand col de notre trek à Huayhuash, mais aussi du Pérou. Après réflexion, nous décidons d’écourter cette journée et de redescendons tout droit dans la vallée. Sur le chemin, quelques quenuales. Notre ultime campement se trouve à 787 mètres plus bas. La promesse: une soirée de repos, car Antoine commence à être malade. Nous trouvons difficilement le replat indiqué pour les bivouacs à travers les arbustes secs. Pour compléter ce tableau, comme pour nous rappeler que la civilisation est proche, nous sommes encerclés par un troupeau de vaches peu commode. Ceci n’enlève rien à cette dernière soirée que nous passons dans les montagnes.
Distance : 10,4 km
D+ : 216 m.
D- : 950 m.
Durée : 4 h 20 de marche
Altitude maximale : 4004 m.
Topo : Continuer la descente vers la rivière au fond de la vallée. Au croisement, prendre à droite puis trouver un endroit où traverser. Attention au courant qui peut être assez fort. La suite du chemin est difficile à trouver. Le GPS est l’option la plus simple. Remonter ensuite de 180 mètres jusqu’à atteindre un chemin plus large. Poursuivre vers la gauche, plein ouest. Il ne reste alors que 8 kilomètres pour atteindre Llamac que vous apercevrez à mi-parcours après avoir passé un col symbolique.
Nous profitons de chaque heure en cette fin de trek. Après avoir affronté le courant d’une rivière et arpenté les flancs escarpés de la montagne, nous jetons un dernier coup d’œil aux sommets enneigés de Huayhuash. Une heure plus tard, nous apercevons le village de Llamac en contrebas. À cet instant, un cavalier avec une dizaine de mules nous dépasse en souriant. Au même moment, sa jument trébuche et ils partent tous les deux en roulé-boulé dans un nuage de poussière. Heureusement plus de peur que de mal. Ils se relèvent immédiatement et après un signe de tête reprennent la route au pas de course.
Vers 13 h, après 7 jours de périple sur le mythique trek de Huayhuash, nous atteignons Llamac. Nous sommes partagés entre la joie d’être arrivés et la tristesse. Cette entrée dans le village marque la fin de notre périple. Nous choisissons malgré tout de penser au moment présent et de profiter de ce sentiment d’accomplissement. Nous ne comprendrons qu’un peu plus tard que notre aventure est loin d’être achevée et que bien des péripéties nous attendent encore.
Après un repas revigorant dans un petit restaurant du village, nous essayons de trouver un transport pour rejoindre la ville de Chiquián. Plus d’une heure d’attente et une petite voiture s’arrête à notre niveau. Le conducteur et ses 6 passagers vont jusqu’à notre destination. Il propose de nous faire une place. Un peu plus d’aventure ne fait jamais de mal … Littéralement entassés les uns sur les autres, nous prenons la route. Le chemin sur lequel nous circulons est cahoteux et pentu. Durant 3 heures, le moteur ronfle bruyamment. Arrivés à Chiquián, nous négocions un trajet jusqu’à Huaraz. 2 heures nous séparent de la ville. un dernier regard sur la cordillère et nous embarquons. Fier.
Le mot de la fin. La fin de Huayhuash signifiait également la fin de notre voyage au Pérou. Ces semaines de trek nous ont comblés et nous les avons vécues pleinement. Après ce type d’expérience, le retour dans la ville est marquant. Ce traumatisme peut se manifester de différentes manières. Dans notre cas, c’est le corps qui a lâché. Nous sommes tous les deux tombés malades. Une belle intoxication alimentaire qui s’est prolongée durant une semaine après notre retour en France. On ne peut que se réjouir que cela ne nous soit pas arrivé avant. Cette fin mouvementée n’a pas entaché le sentiment général de ce voyage. Nous restons profondément heureux et fiers d’avoir entrepris ce périple à travers le Pérou. À présent, nous n’aspirons qu’à une chose: repartir sur les chemins des Andes.
Sur cette carte, vous retrouverez notre itinéraire complet de Huayhuash ainsi que nos différents campements.
Ores & Audace, c’est l’insolence de nos envies et le débordement de nos rêves avec ce qu’il faut de « pourquoi pas » pour devenir « projet ».
Ce blog est naît de la passion des grands espaces et des belles images. Carnet de voyage brut, mais raisonné, nous avons à cœur de partager le récit authentique de nos aventures.
3 Responses
Bonjour,
Je viens de lire ton compte rendu du trek Huayhuash et j’aimerais savoir comment sont les chemins.
J’aimerais partir un petit chariot avec une roue (type Carrix) mais pour cela, j’ai besoin de savoir si les chemins sont plutôt roulant ou si le chemin est fait de gros blocs rendant la progression difficile.
merci pour ta réponse.
Yoann
Bonjour Yoann,
Tout d’adord, félicitation pour ce projet de trek! Tu ne sera pas déçu !
Partir avec un chariot me semble très contraignant notamment à cause de la typologie de certains sentiers. Ils sont la plus part du temps escarpés ce qui la progression avec un chariot presque impossible sur certaines sections.
Bonjour merci pour ce récit d’aventure très clair. Je suis encore en France, et ne compte pas forcément être équipé en matérel de bivouac. Depuis lamac ou huaraz , dans l’idée de le faire plus ou moins en autonomie, possibilité de louer du matériel pour dormir ?Merci d’avance