Ce matin, nous devançons le soleil. Il est à peine 6h quand nous débutons la route vers l’objectif du périple: le Machu Picchu. Quelques heures de marches nous séparent encore de la montagne sacrée et aujourd’hui plus qu’un autre jour, nous ne pouvons nous permettre d’être en retard. En effet, afin de réguler l’affluence de touristes sur le site archéologique, des plages horaires doivent être réservées. La nôtre débute à 11h. Le chemin s’enfonce dans la jungle pour rejoindre la vallée. Ces lacets finissent de nous broyer les genoux, déjà bien amochés ces deux derniers jours. Depuis la veille à Sahuayca, les randonneurs se font rares, car les agences privilégient les taxis puis les trains pour mener leurs clients jusqu’à Agus Alientes. Pour autant, nous ne sommes pas seuls: un compagnon à quatre pattes nous accompagne depuis le campement de Llatapata. Du fond de la vallée, nous rejoignons une petite gare d’où part le célèbre Peru Rail. Nous suivons ensuite durant un peu plus de 9km, les rails du train jusqu’à l’entrée du Machu Picchu. De nombreux randonneurs font effet de la monotonie de ce chemin. Cependant, suivre ces rails fut un exercice réjouissant et nous en gardons un excellent souvenir. Serpenter dans la vallée autour de ces montagnes verdoyantes était comme une mise en bouche de ce que nous allions découvrir. Ces 9 km, bien que longs sur terrain plat, font intégralement partie de ce parcours.
Il est 10h quand nous arrivons à l’entrée du Machu Picchu et décidons de prendre un en-cas avant de commencer les +350 mètres qui nous mèneront à l’entrée des ruines. Tout en engloutissant deux quesadillas fromage/olive, nous voyons passer des dizaines de bus remplis de touristes qui empruntent une route vers le Machu Picchu. Moyennant une belle petite somme d’argent, la facilité nous tend les bras. En adéquation avec ce début de parcours, nous décidons d’accéder au site en empruntant l’ancien chemin inca, des centaines de marches irrégulières en direction du sommet. Encore un bel exercice ! Nous mettons 1h30 pour atteindre l’entrée, dégoulinants de transpiration – mais heureux –. Une fois nos sacs déposés aux consignes, nous nous frayons un passage à travers les guides multilingues et leurs clients. Nous n’avons qu’une hâte: découvrir enfin ce lieu qui a nourri nos fantasmes durant ces trois derniers jours, et plus encore … durant toute notre enfance.
Pendant une heure, nous sommes simplement restés assis face à ces ruines gorgées d’histoires et les avons contemplés dans tous ses détails. De cette rencontre avec le Machu Picchu, nous restons marqués par plusieurs choses, positives et négatives. D’abord, l’immensité verte qui sert d’arrière-plan aux ruines, des montagnes acérées qui s’étendent au delà de l’horizon. Elles enveloppent le Machu Picchu et pervertissent notre perception de l’échelle. C’est indéniable: ce site est grandiose ! Pour autant, chaque personne semble vouloir – pouvoir – apprécier ce trésor de manière différente. Sans parler les incivilités et du manque de respect des règles de préservation du site archéologique, 95% des visiteurs ne perçoivent le Machu Picchu qu’à travers leurs écrans. Cela nous semble un peu triste alors on ne va pas s’attarder sur ce point, mais ce site est devenu malgré lui, une immense machine à selfie. Si bien que des personnes, qui sont là pour l’admirer, le visiter à proprement parlé, se font rares. En sommes, ces ruines nichées aux coeurs des montagnes andines resteront un spectacle indélébile dans notre mémoire. Nous vous encourageons vivement à les visiter, car il s’agit d’une expérience incroyable et unique. Sachez seulement les apprécier au prix de votre sueur.