Je vais couper court à tout suspense : à notre grand regret, le trek en Islande s’est arrêté ce jour.
À peine réveillés, nous avons consulté la météo. Le constat fut sans appel. La tempête annoncée dans deux jours arrive plus vite que prévu – le soir même. Nous devons trouver un abri rapidement, car des vents constants à 75 km/h et des rafales à 140 km/h sont annoncés dès 15h. Il nous reste encore plus de 65 km à parcourir pour atteindre une cabane dont nous ne connaissons pas l’état. Impossible de savoir non plus si celle-ci est vraiment ouverte. La décision est vite prise : nous devons nous mettre en sécurité, car jamais notre tente ne pourra supporter un tel climat, en particulier dans cet environnement plat, sans possibilité d’orienter la tente derrière un rocher.
La déception de cet arrêt brutal passe très vite, car nous sommes avant tout préoccupés par l’urgence de la situation. Heureusement, nous nous trouverons sur la piste F26, qui traverse les Highlands de part en part. Il n’est pas impossible que nous croisions une voiture. Nous décidons de nous mettre en route en croisant les doigts pour que quelqu’un passe et accepte de nous amener dans la ville la plus proche. Nous qui recherchions la solitude, nous voyons maintenant le revers de la médaille. Nous démontons le camp et prenons la route sous la pluie. Marcher a une autre saveur. Les kilomètres s’enchainent dans le silence. Nous guettons le moindre bruit de moteur. Tiraillée entre la fatigue et le stresse, j’ai continuellement l’impression d’entendre des pneus sur le sable. Mais, ce n’est que mon imagination.
À 10 h 30, alors que ma tête fantasme de nouveau un moteur, Antoine s’arrête. C’est une voiture que j’endente. Une incroyable Toyota tout-terrain aménagée roule en notre direction et s’arrête à notre niveau. Un homme descend la vitre. Une femme se trouve à ses côtés. Nous sommes en piteux état. « Do you need help? » Je dois me retenir pour ne pas pleurer et lance un petit « Yes ». En deux temps, trois mouvements, l’homme et la femme attrapent nos affaires et nous indiquent de monter dans le truck. Nous sommes à l’intérieur du 4*4 en sécurité. C’est bon. Tout va bien !
Quelle ne fut pas notre surprise de retrouver dans la Toyota, nos amis irlandais Ruari et Dave ! Eux aussi n’ont pas fière allure, mais nous sommes contents de nous retrouver ainsi ! À l’arrière du 4*4 de nos sauveurs, nous parlons de nos péripéties, de la tempête qui arrive, mais surtout de nourriture ! Nous roulons quelques heures. Par la fenêtre, nous voyons défiler les kilomètres. Les nuages sont bas et noircis. Nous nous arrêtons dans une station-service au croisement de deux pistes. Il y a un petit restaurant et un hôtel. Quelques voitures sont garées devant. Toute la troupe décide de s’arrêter manger. Lorsque nous pénétrons dans le hall, trempé jusqu’à l’os, nous redécouvrons la civilisation. Habituellement, ce moment n’est pas très agréable, mais dans la situation présente, l’idée de manger quelque chose de frais et consistant nous ravit. Burger pour tout le monde ! Nous nous installons à une table à côté d’autres routiers. La télévision est allumée devant nous et diffuse en boucle un message d’alerte. Nous comprenons tous rapidement que toute l’ile est en vigilance rouge vent violent et neige ! Les autorités recommandent aux habitants de rester chez eux. Dave, Ruari, Antoine et moi prenons vraiment conscience de ce qui aurait pu arriver. Nous apprendrons plus tard qu’un pont que nous devions emprunter sur le Landmannalaugar s’était effondré et que 30 cm de neige avait recouvert le centre du pays.
Une réponse
Merci pour ce retour d’expé hyper éducatif !
A quelles dates avez vous réalisé la traversée ? Avec du recul, un mois en particulier à conseiller ?
Avez-vous eu besoin de crampons ou autre équipement plus hivernal sur certains passages ?
Est-ce jouable de passer une partie sur le glacier ?
Merci pour toutes ces infos